Madagascar : une approche économique et environnementale du climat

Située dans la région sud-ouest de l’océan Indien, Madagascar, grande île abritant environ 25 millions d’habitants, est l’un des pays à la biodiversité la plus riche au monde. Selon l’USAID, « il y a plus d’espèces uniques de plantes et d’animaux vivant à Madagascar que sur l’ensemble du continent africain et plus de 80% de ses espèces ne se trouvent nulle part ailleurs sur Terre. » Madagascar, membre de « Vulnerable Twenty » (V20), un groupe rassemblant vingt pays qui pourraient voir leur futur développement gravement touché par le changement climatique, est aussi l’un des pays les plus pauvres du monde, où 90% des pauvres survivent principalement grâce à l’agriculture de subsistance. Selon la Banque mondiale, en 2012, environ 70% des habitants de Madagascar vivaient dans la pauvreté. Alors que Madagascar est peut-être le premier producteur mondial de gousses de vanille, le changement climatique menace l’avenir de cette économie et, à son tour, menace les moyens de subsistance de ceux qui dépendent de la production de cette gousse pour soutenir leurs familles. Pour compliquer les choses, Madagascar est particulièrement vulnérable aux impacts du changement climatique et il faut attirer l’attention régionale et mondiale pour s’assurer que les efforts d’adaptation et d’atténuation prennent rapidement place et soient soutenus.

 

Mangroves : un exemple de rétroaction dangereuse

Le changement climatique agit comme une sorte de boucle de rétroaction. A mesure que les émissions de CO2 et les impacts sur le climat sont libérés dans l’atmosphère terrestre, cette dernière se réchauffe. À mesure que l’atmosphère se réchauffe, certaines espèces peuvent s’adapter, mais d’autres n’y arriveront pas, y compris les humains. À Madagascar, cette dynamique peut être observée dans les forêts de mangroves, qui constituent une barrière critique protégeant Madagascar de l’élévation du niveau de la mer et de l’érosion, ainsi qu’un habitat essentiel pour les poissons et les animaux. Alison Clausen, ancienne responsable du programme sur les changements climatiques du Fonds mondial pour la nature à Madagascar, note que les mangroves souffrent d’une « double exposition » au changement climatique. Les communautés locales se tournent vers la ‘exploitation de mangroves pour la survie de base et le bois de chauffage, ce qui, à son tour, alimente le cycle de dégration de l’habitat, des services rendus pas la mangrove et accentue les émissions de CO2.

 

Afin de répondre à cette préoccupation régionale, des fondations internationales comme la Fondation MacArthur se concentrent sur l’atténuation, mais aussi sur des solutions d’adaptation qui peuvent être intégrées dans tout le pays. Dans ce cas, l’exploitation des connaissances traditionnelles ainsi que l’éducation ciblée et les efforts de sensibilisation sont des outils importants, car de nombreuses sections locales ne remarquent pas nécessairement ou ne comprennent pas la menace immédiate que représente la destruction des mangroves. En introduisant des solutions qui valorisent les mangroves au lieu de les brûler et en présentant des alternatives telles que des fourneaux et des lanternes efficaces, les communautés peuvent adopter des comportements qui maintiennent une qualité de vie relative tout en s’adaptant aux effets d’impacts plus larges du changement climatique sur leur terre et leur bien-être.

 

Adaptation aux impacts climatiques via des partenariats

Le changement climatique a un fort impact sur les populations les plus pauvres et Madagascar ne fait pas exception. Madagascar en particulier est exposé à des phénomènes météorologiques extrêmes qui devraient s’intensifier dans les années à venir. Par exemple, le pays pourrait être frappé par des cyclones plus forts et des pluies plus violentes, alors que la partie sud du pays recevrait de moins en moins de précipitation. En bref, ce sont les communautés les plus pauvres qui souffriront le plus. Cela est particulièrement vrai pour Madagascar, qui n’est pas économiquement diversifiée et qui dépend fortement de l’agriculture localisée comme moyen fondamental de subsistance. Bien que Madagascar ait tenté de passer d’une économie fortement agricole à une économie qui combine des activités d’emploi non agricole, la demande reste faible et l’accès à une formation à grande échelle est extrêmement limité.

En outre, le transport et la connectivité jouent un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique, car ceux qui vivent dans la pauvreté sont plus isolés et donc moins susceptibles d’avoir accès aux ressources pour survivre à une tempête dévastatrice ou à une sécheresse. Ces mêmes personnes sont également moins susceptibles d’être éduquées ou de comprendre les moyens de faire face à un environnement changeant d’une manière proactive qui protège leur culture et leur famille. Il est donc impératif que les agences internationales et les organismes gouvernementaux travaillent en collaboration pour s’assurer que ceux qui luttent le plus aient accès à des alternatives, financières et basées sur la production, qui assurent que des vies ne soient pas perdues.

Face à ces perspectives négatives à grande échelle, le gouvernement de Madagascar et la Banque mondiale se sont unis pour agir. Depuis 2013, les deux agences se sont associées pour adapter les infrastructures d’irrigation en se concentrant sur l’intensification des cyclones, assurant ainsi une infrastructure résistante aux inondations tout en fournissant des conseils sur les mesures d’évacuation et la qualité des sols. Compte tenu de la gravité de la situation, ce partenariat a également établi un ensemble de lois pour assurer que ces nouvelles normes soient obligatoires.

 

Conclusion

Madagascar souffre d’une combinaison de son positionnement géographique, d’extrême pauvreté, de dépendance à l’égard d’une société à prédominance agraire et d’un manque de connectivité et d’éducation, en particulier pour les agriculteurs ruraux. Ces obstacles géographiques et culturels rendent encore plus difficile l’adaptation au changement climatique et l’atténuation des risques climatiques futurs. Aborder les solutions climatiques à Madagascar est donc un défi multidimensionnel qui impliquera une approche multicouche des organes directeurs locaux et internationaux sur le terrain ainsi que des fondations et des ONG qui peuvent fournir une assistance de surveillance, des connaissances technologiques et des opportunités de financement pour s’assurer que l’île s’adapte avec le plus de succès possible.